Home InvestigationsOpinion Avortement : faut-il sacrifier des vies pour en sauver ?

Avortement : faut-il sacrifier des vies pour en sauver ?

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L’avortement est un véritable problème au sein de nos sociétés. Les conceptions divergent sur la question en raison de l’angle d’analyse de chacun. Pourtant, les spécialistes semblent clairs sur la question.

« Toutes les vies sont sacrées », nous apprend-on. La vie n’appartenant à aucun être humain, avons-nous le droit de l’arrêter en privant un autre être de ce présent que lui a offert le ciel ? Celle-ci constitue une question éthique, mais d’actualité qu’il conviendrait de traiter avec plus de modération, en montrant ses défenseurs et ses ennemies, ses tenants et ses aboutissants.

Grossesses indésirées

L’avortement est devenu monnaie courante dans nos sociétés de telle sorte que nul ne se pose des questions sur ses teneurs. On s’y livre de toutes parts et à n’importe comment. Dans la plupart des cas, cette pratique intervient dans nos sociétés suite à des grossesses indésirées. Ne voulant pas garder ces genres de grossesses par peur de pressions familiales ainsi que maints autres facteurs, beaucoup sont ces jeunes filles qui choisissent cette voie de l’avortement comme dernier recours. Reconnaissons que la plupart de ces grossesses relèvent d’un manque d’expériences en matière de sexualité.

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Toutefois, Barakissa Mallé, étudiante en Licence 3 à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (FSEG) de Bamako, ne partage pas cette justification de l’avortement. « Soutenir l’avortement parce que la grossesse est indésirée constitue un galimatias. Aucune grossesse n’est accidentelle à part les cas de viol », a-t-elle soutenu. Cette position est également celle de Assitan Fomba, élève en Licence 1 sociologie à la Faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation de Bamako (FSHSE). « S’il m’arrive de consommer une grossesse, je ne vais pas songer à l’avorter sous prétexte de pressions familiales dans la mesure où ce serait par plaisir que je l’aurais consommé », indique mademoiselle Fomba qui qualifie par la suite celles qui se livrent à cette pratique de criminels.

L’avortement, un crime

À considérer cette problématique sous un volet religieux et juridique, l’avortement constitue un crime passible de punition puisque le fœtus est déjà un être humain en miniature ayant déjà une vie, donc une âme. Or, cette substance n’appartenant pas à l’homme, mais à Dieu, ne doit pas être enlevé par qui que ce soit si ce n’est Dieu. « C’est Lui [Dieu ndlr] qui vous donne la vie puis vous donne la mort, puis vous fait revivre », lit-on dans le Coran.

Raccourcir la vie d’une grossesse, c’est être un criminel. Avorter revient à tuer un homme avec une arme.

Dans l’article 211 du Code pénal malien de 2001, on peut lire : « Il est interdit tout avortement qui consiste dans l’emploi de moyens ou de substances en vue de provoquer l’expulsion prématurée du fœtus, quel que soit le moment de la grossesse où cette expulsion est pratiquée pour tout motif autre que la sauvegarde de la vie de la femme. » Cette loi indique les exceptions ainsi que les punitions en la matière.

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L’avortement est alors condamnable religieusement et juridiquement. Comme on vient de le voir, sur ce dernier plan, il est souvent autorisé d’avorter. Cela est possible lorsque les médecins constatent que la vie de la maman est en danger en gardant la grossesse et pour d’autres raisons sanitaires. Même à ce niveau, plusieurs techniques existent de nos jours en vue de sauver la vie du fœtus. Parmi celles-ci, nous avons la méthode de la Mère-Porteuse.

Cette question de l’avortement, sans être un partisan du crime organisé ni un spécialiste de la question, mérite d’être regardée sous un nouvel œil. Elle n’est pas toujours un crime comme le considèrent beaucoup. Cette question est plus problématique que nous ne puissions la penser.

Pour l’honneur de la famille et de la jeune fille

Nombreuses sont les jeunes filles qui s’adonnent à la sexualité sans avoir les connaissances nécessaires en la matière en termes de protection contre les grossesses indésirées et les maladies liées au sexe. C’est ce qui explique de nombreuses grossesses sans auteurs identifiés.

N’ayant pas de moyens pour se prendre en charge et prendre en charge ladite grossesse et étant expulsées de la famille sous prétexte de se trouver un père à leur enfant, la plupart des filles décident tout simplement de se débarrasser de leur grossesse. Car, comment garder un enfant sans père connu ? Une telle grossesse ne sera-t-elle pas une honte pour toute la famille ? L’honneur de la famille ne sera-t-il pas bafoué ?

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Toutes ces interrogations sont celles que se font les auteures d’avortement. N’ayant pas de moyens, il serait difficile, voire impossible, de prendre en charge un enfant en plus de soi-même. Outre cet aspect, avoir un enfant hors mariage constitue une honte pour beaucoup au sein de la société.

Sacrifier une vie pour sauver une autre

En son article 14, le « Protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits des femmes » de l’Union économique et monétaire Ouest africain (UEMOA), est favorable à cette pratique pour des raisons bien précises : « [ndlr] protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé
mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus. »

Beaucoup de pays ont fini par comprendre et ont immédiatement adopté des lois autorisant cette pratique.

L’islamologue et philosophe suisse, Tariq Ramadan fait le même constat. D’après lui, il est plus judicieux d’autoriser l’avortement lorsqu’il s’agit d’une grossesse indésirée, une grossesse contractée par viol ou d’autres accidents de ce genre ou encore si la maman ne se sent pas en mesure de supporter la grossesse jusqu’à son terme.

En effet, une grossesse acquise par suite de viol doit être autorisée à être avortée pour le bien de l’enfant et de la mère puisqu’il sera difficile d’aimer ce genre d’enfant et pire, personne ne connait l’ADN du violeur. Or, selon Francis Fukuyama, intellectuel japonais, la criminalité peut être héréditaire. Si tel est le cas, il ne sert à rien de garder une grossesse contractée suite à un viol dont l’auteur serait un terroriste.

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Selon Aristote, philosophe antique grec, il importe de mesurer la période où l’avortement doit intervenir. « [ndlr] ceux qui naîtront difformes ; quant au nombre des enfants, si les mœurs répugnent à l’abandon complet, et qu’au-delà du terme formellement imposé à la population, quelques mariages deviennent féconds, il faudra provoquer l’avortement avant que l’embryon ait reçu le sentiment et la vie. Le crime, ou l’innocence de ce fait, ne dépend absolument que de cette circonstance de sensibilité et de vie », explique-t-il.

Cela est la même chose que les grossesses prématurées qui mettent la vie de la maman en danger. Cette pratique n’a-t-elle pas des conséquences ?

Les risques

Les conséquences de l’avortement sont nombreuses, soutient Maimouna Traoré, vendeuse à Bamako. Beaucoup de jeunes se livrent à cette pratique de façon non spécialisée en combinant plusieurs types de comprimés. Ce qui peut avoir des répercussions graves sur leur vie. Aux dires de Mademoiselle Traoré, d’autres filles tentent d’avorter sans connaitre l’état d’évolution de leur grossesse. Elles se rendent chez des praticiens traditionnels pour tenter d’avorter. Dans la plupart des cas, l’avortement, même s’il réussit, peut avoir des conséquences drastiques sur leur vie. Parce qu’elles peuvent avoir des hémorragies. Elles peuvent être victimes d’anémie et risquent de mourir, a-t-elle soutenu. Ce qui laisse entendre que cette pratique n’est pas sans conséquence.

Cette explique de Maïmouna sont corroborées par Amédou Mallé, infirmier de santé à Kalaban-Coura. Celui-ci soutient aussi que cette pratique a de multiples effets sanitaires parmi lesquels, l’hémorragie à long terme ; la stérilité, voire l’anémie.

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La problématique de l’avortement, surtout dans un pays à majorité musulmane, est un véritable problème de casse-tête.

Oumarou


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